- 24 avr. 2019, 16:07
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Un jour en mai
Prologue
Aujourd'hui, j'ai envie de revenir sur un épisode crucial dans mon évolution, dans mon parcours. Aujourd'hui parce que cela va faire presqu'un an qu'il a eu lieu et que son souvenir revient à ma mémoire, un peu malgré moi. Crucial, parce que l'homme qui en est le protagoniste a joué un rôle de catalyseur, déclenchant une réaction en chaîne dans ma petite tête et dans mon petit corps, donnant lieu à bon nombre d'événements qu'il est possible de lire ici. C'est cette réaction en chaîne que j'ai envie de dévoiler aujourd'hui.
Chapitre I : une relation épistolaire
Tout a commencé au début de l'automne, en septembre. Un homme, esthète, épicurien et grand passionné des bas et porte-jarretelles, était en relation avec mon époux depuis quelques temps déjà. Au hasard d'un échange au sujet d'une photo, il a souhaité m'offrir en cadeau une paire de bas. Ce n'est que lorsque j'ai reçu le cadeau (par la poste), que j'ai pris connaissance de ce petit acte complice et de l'existence de cet admirateur secret. Je n'avais presqu'aucune expérience en matière d'échanges écrits avec des hommes, c'est donc très timidement que j'ai envoyé un message de remerciement à l'adresse mail indiquée par mon époux.
La réponse, enjouée et un brin coquine, m'a fait fondre de plaisir. Je n'imaginais pas qu'un parfait inconnu puisse avoir des mots si tendres et plaisants à mon égard. Cela m'a rendu incline à poursuivre nos échanges, en me dévoilant un peu plus à chaque nouveau message. Peu à peu, les échanges se sont faits moins timides, l'envie de séduire (des deux côtés) nous a fait écrire des mots enflammés et sensuels, nous menant petit à petit jusqu'au printemps.
Mon époux était bien entendu en copie de tous ces échanges, et évaluant que la relation était bien engagée, décida d'organiser une première rencontre, en deux temps. Tout d'abord, une rencontre seul à seul avec le complice potentiel, règle qu'il s'est fixé depuis le début de sa démarche candauliste. Si cette première rencontre lui semblait concluante, alors nous pourrions nous voir à trois, pour faire connaissance, simplement. La particularité était que ces deux rencontres allaient s'enchaîner (ce ne fut plus jamais le cas par la suite).
Quelques jours avant la date fixée à début mai, nos échanges se sont intensifiés, tant dans leur fréquence que dans leur contenu. Le désir de se voir, de se connaître, était très fort. J'ai même pu avoir un avant goût de son visage grâce à une photo qu'il avait gentiment envoyé à mon époux. C'était la première fois que je recevais la photo d'un homme ... Je me souviens encore du mélange de gêne et de plaisir lorsque je l'ai découverte. Le caractère un peu irréel des messages s'effaçait au profit d'une réalité tangible, et un peu terrifiante tout de même. J'avais encore beaucoup de mal à me projeter dans une relation avec un tiers, moi qui n'avais connu que mon époux. Mais ma décision de franchir le cap était prise depuis quelques mois déjà.
Chapitre II : la rencontre
Le jour dit, j'ai passé beaucoup de temps à me préparer, hésitant à peu près sur tout ... Vêtement, coiffure, maquillage, bas, chaussures ... Sachant que je n'étais pas certaine du tout de le voir, si la première entrevue n'était pas concluante. Mes émotions étaient contraires et difficiles à gérer : impatience de le découvrir, crainte de ne pas pouvoir le voir, peur de ne pas lui plaire ... j'étais excessivement tendue.
Le lieu de rendez-vous n'était pas très loin. Le trajet m'a pourtant semblé très long tant j'étais pressée que la situation se dénoue. Arrivés sur place, il était convenu que j'attende dans la voiture. Mon époux partirait seul voir notre complice, puis me préviendrait par téléphone si cela s'avérait concluant. J'étais donc seule, dans la voiture, à regarder l'heure tourner. J'avais bien emmené de quoi m'occuper les mains, mais j'étais incapable de me concentrer sur quoi que ce soit tant mon état émotif était instable.
Mon coeur battait la chamade, mon souffle était court, voire interrompu par moment, je ne tenais pas en place et en même temps, je me sentais prostrée. Je ne cherchais même pas à décrypter mes émotions, je les prenais de plein fouet, sans les gérer et je me suis rapidement retrouvée submergée. J'ignore combien de temps j'ai attendu dans la voiture ... Peut-être 30 minutes ? 45 minutes ? Deux possibilités devaient rompre l'attente : soit un coup de téléphone, soit le retour de mon époux. Je n'osais regarder dans la direction dans laquelle il était parti, mon téléphone reposait sur mes genoux.
Lorsque la vibration l'a secoué, j'ai sursauté, ne sachant plus comment on décrochait. En une fraction de seconde, j'ai su que le rendez-vous avait été concluant, et que la rencontre tant attendue allait enfin avoir lieu. J'ai fini par décrocher, et d'une voix neutre, mon époux m'a signifié qu'ils nous attendaient, à l'entrée du parc, au bas de l'allée.
Dans un état second, j'ai pris mes affaires, fermé la voiture (j'ai du vérifier deux ou trois fois que je l'avais bien fait) et me suis dirigée vers le parc.
La grille donnant sur la route débouchait sur une allée, une très longue allée, qui descend vers le parc. Lorsque je me suis engagée dans cette voie, j'ai soudain pris conscience que quelque chose était en train de se jouer dans ma vie, quelque chose d'irréversible. Il y avait quelque chose de symbolique dans ce chemin tout droit, qui menait à deux hommes qui me désiraient. Ce chemin ne me laissait que deux alternatives : soit je l'empruntais jusqu'au bout pour aller à leur rencontre et accepter cette situation de désir et tout ce que cela impliquait, soit je décidais de faire demi-tour. Je me suis très ouvertement posée la question alors que mes pas continuaient à me faire avancer. Je me sentais en grande panique, néanmoins, j'ai réussi à réfléchir à la situation et à faire un choix : celui de continuer à descendre cette allée.
Une fois ce choix fait, la panique n'a fait que grandir. C'était maintenant un trac incommensurable qui m'assaillait, mais sur l'instant, je n'ai pas identifié qu'il s'agissait de cela ... je ne me savais pas sujette au trac, tout simplement ! Plus je me rapprochais d'eux, plus je sentais mon coeur s'accélérer, ma respiration se couper, et mes jambes refuser de me porter. Je tentais malgré tout de tenir debout et de marcher à peu près droit. Vint ce moment où je pouvais distinguer leurs silhouettes, puis leurs visages, souriants et radieux. A ce moment, ma tête s'est mise à tourner, ma bouche était sèche comme le désert, et je ne comprenais toujours pas ce qu'il m'arrivait. Mes jambes continuaient à avancer malgré moi, et lorsque je suis arrivée à leur hauteur, je n'ai pu bredouiller qu'un "désolée" à mes interlocuteurs. J'ai peu de souvenirs de cet instant, si ce n'est des tremblements incontrôlables et une immense gêne d'être dans cet état de paralysie. Je crois que j'ai du réussir à dire bonjour et faire la bise à cet inconnu que je découvrais enfin. Je me suis réfugiée dans les bras de Pat et nous avons commencé à marcher tous les trois.
J'étais incapable de prononcer une parole, répondant aux questions par des oui ou des non murmurés. Je ne pouvais pas soutenir le regard de mon interlocuteur, à peine pouvais-je jeter des coups d'oeil de biais de temps à autre. Je me rendais compte de mon état, mais j'étais incapable d'enrayer tous ces symptômes. Les deux hommes soutenaient la conversation, et moi je me contentais de marcher entre eux deux. J'y ai pris, malgré tout, un certain plaisir, et petit à petit, je me suis un peu calmée.
Nous avons marché pas loin d'une heure durant laquelle j'ai réussi à échanger quelques paroles, quelques regards. Mais surtout, j'étais totalement sous le charme de cet homme qui parlait de lui, qui parlait de ses émotions, de sa sexualité, avec une liberté qui me sidérait. Sa voix, son sourire, ses yeux, son allure, tout me plaisait et prolongeait le plaisir que j'avais eu jusque-là à le lire. Mais j'étais incapable de lui signifier cet attrait que j'avais pour lui.
Il m'aurait fallut un peu plus de temps, un peu plus d'intimité peut-être aussi (même si nous n'avons pas croisé grand monde dans le parc), me sentir un peu guidée aussi (je ne sais que difficilement faire le premier pas), pour aller au-delà de mes blocages ce jour-là. A plusieurs reprises, il a posé sa main sur mon dos, ou sur une épaule. A chaque fois, ce fut une décharge électrique qui me traversait le corps, décharge de plaisir, de surprise, de désir d'en avoir plus.
Le temps filait et notre complice avait des obligations. Nous avons regagné la sortie du parc et au moment de nous dire au-revoir, je lui ai fait de nouveau la bise et je n'oublierai jamais le contact de sa main sur ma taille. Un geste qui m'a semblé d'une grande sensualité, à la fois discret et très expressif. J'en ai été très troublée car cela constituait pour moi un premier contact charnel avec un autre homme que mon époux.
Chapitre III : le catalyseur
Il était convenu de voir ensemble, à froid, quelle suite donner à cette première rencontre. La difficulté pour moi, a été dans le "revenir à froid". Une succession d'états émotifs se sont succédés dans les jours suivants.
De retour à la maison, le trac qui ne m'avait pas quitté tout le long de la rencontre a commencé à s'estomper. J'ai pu alors prendre la mesure de tout ce que j'avais "capté" malgré mon incapacité à m'exprimer. Finement, j'avais perçu images, sons, odeurs et je m'en délectais ... a posteriori. Cela ne faisait que confirmer le fait que cet homme me plaisait, et que c'est avec lui que j'aimerais avoir une première expérience. Je le savais expérimenté (il nous en avait parlé durant la rencontre), et cela me rassurait, compte-tenu de mon inexpérience. Mais au-delà de ça, il m'avait séduite, de façon irréversible (et je le suis toujours !). Cette séduction s'était muée en désir, en envie charnelle, et cela, c'était très très nouveau pour moi.
Le lendemain, je savais que Pat et moi serions seuls à la maison. Sentant un désir sexuel m'envahir, je décidais de m'offrir à lui dans des conditions un peu inhabituelles. Je pense que tout mon corps devait respirer l'envie d'être câlinée et qu'il l'a vite compris. C'est donc dans la salle à manger que nous avons commencé à nous aimer, en commençant sur le canapé. Puis n'y tenant plus, j'ai installé deux chaises côté à côté pour me mettre à quatre pattes dessus, lui offrant ma croupe. Jamais je ne m'étais donné à lui sans réticence de cette façon. J'étais dans un état second, un état de désir presque incontrôlable, qui me permit de le faire jouir abondamment, et je crois me souvenir que moi aussi j'ai joui, alors que dans cette position, ça ne fonctionne pas habituellement.
Après ce moment charnel, je me suis rendue compte que mon envie, mon désir ne faiblissait pas. Et cela aussi c'était très nouveau. Je ne me souviens plus si nous avons refait l'amour le jour même ou les jours suivants, mais je me souviens de ce désir qui ne me quittait plus, du souvenir de ce complice bien réel avec lequel je commençais à fantasmer. Tout mon corps, tout mon esprit était envahi par cette envie.
J'ai alors pris de plein fouet les regrets de n'avoir pas su profiter de ces moments avec lui. Je lui ai écrit de longs messages, lui donnant mon ressenti. Je n'avais pas de réponses et je commençais à m'en inquiéter.
Parallèlement, certaines de ses phrases, de ses mots, me revenaient en mémoire. Pour tromper mon désir inassouvi, je me suis mise en quête d'informations ... à commencer par le mot libertinage qui était revenu à plusieurs reprises. J'ai cherché, lu, dévoré, tout ce que je pouvais trouver sur le net. Un mot en entraînant un autre, j'ai fait la même chose avec le candaulisme. J'ai ressorti un livre sur l'amour et la sexualité offert par mon époux quelques années auparavant, je l'ai dévoré aussi. J'avais une soif immense de connaissance, de découverte, de curiosité sur la sexualité que je n'avais jamais eu jusque-là. Cette appropriation, je la dois en partie à cet homme. C'est lui qui était au commande de sa vie sexuelle, et cela semblait normal et évident. Il m'apparaissait un peu comme un modèle (alors même que je ne savais pas grand chose de lui) et je prenais conscience que quelque chose n'était pas fini dans ma construction personnelle. Je me sentais enfant, ayant pris contact avec des adultes.
Bien sûr, j'avais une sexualité depuis de nombreuses années, mais elle était plus subie que contrôlée. Le plaisir a toujours été présent, mais entouré de nombreux blocages, et je prenais la mesure de tout ce que je pouvais apprendre. Loin de me faire peur, ce champ des possibles m'attirait comme un aimant puissant, je voulais soudain tout goûter, tout découvrir, avec une grande impatience. Cette envie se portait bien sûr sur mon époux que je découvrais sous un nouveau jour : je le voyais maintenant comme un mâle. Mais je rêvais aussi de découvrir d'autres hommes et de leur faire l'amour comme je le faisais avec mon époux.
Enfin, c'est à ce moment crucial que j'ai ressenti pour la première fois le besoin d'écrire au sujet de mes envies, de mon ressenti. Jusque-là, j'ignorais tout du concept de fantasme. Jamais je n'imaginais, de moi-même, une scène érotique, sensuelle, sexuelle dont j'aurais été l'objet. Désormais, ce type de pensées me venait à l'improviste et j'éprouvais le besoin de les écrire pour leur donner une réalité. Au début, cela se résumait à quelques phrases sibyllines, que je n'osais pas relire, tant j'étais intimidée par mes propres mots. Mais l'envie d'écrire ne me lâchait pas, et j'avais envie de cultiver cette capacité, de l'utiliser comme instrument de plaisir.
Ainsi, les jours suivants cette rencontre, je fus en proie à des sentiments intenses, à des émotions contraires très violentes : désir, envie, curiosité, déception, impatience, crainte.
Cette ébullition émotionnelle ainsi que l'absence de réponse à mes messages ont fini par me terrasser de fatigue et de désespoir. La tension psychique est redescendue d'un coup, c'était brutal, désagréable, mais avec le recul, je vois difficilement comment cela aurait pu être autrement.
C'est à ce moment que mon époux m'a informé du fait qu'il avait temporisé vis-à-vis avec notre complice. D'un commun accord, ils avaient jugé tous les deux que j'étais encore un peu trop fragile pour enchaîner avec une rencontre charnelle, qu'il fallait me laisser digérer cette première expérience. Il m'a confirmé que je lui avais plu et j'en ai été rassurée. J'ai pu alors me redresser et envisager mon avenir sexuel sereinement.
Epilogue
La suite, vous la connaissez, il suffit de lire ma présentation et mes histoires de Nymphette. Dès le mois de juin, j'ai adopté des pratiques coquines avec mon époux, osant de plus en plus de choses. J'avais décidé de prendre ma sexualité en main, et j'apprenais vite.
Parallèlement, j'ai entamé des relations avec plusieurs hommes, par écrit, un peu par téléphone, et pour finir par une très jolie première rencontre au mois d'août.
Je n'ai jamais revu ni échangé avec cet homme, ce catalyseur, car pour des raisons personnelles, il n'a pas souhaité poursuivre dans la voie du candaulisme. J'ignore s'il a conscience du rôle qu'il a joué pour moi. J'ignore s'il apprécie encore de voir mes photos et en tire un certain plaisir, mais je l'espère, sincèrement.
Retrouvez les histoires de Nymphette
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