- 16 juin 2011, 09:47
#529251
Bonjour!
A J-1 de me retrouver vraisemblablement cocu, je perds un peu de mon assurance... J'aurais bien besoin d'être rassuré, soutenu, orienté par des témoignages. J'ai 55 ans, 20 ans de mariage et, sauf une petite expérience lointaine et furtive avec un bon copain, S. et moi n'avons jamais encore pratiqué le candaulisme pour de bon. Une chose est certaine nous en parlons depuis longtemps et voilà qu'une occasion se présente! J'ai donc la trouille - ce qui, par ailleurs, n'est pas que désagréable...
J'ai décidé de mettre en ligne les prémisses de cette aventure qui a commencé il y a moins d'un mois. Il s'agit d'un journal qui relate les faits avec objectivité et vérité. Je souhaite que sa lecture soit plaisante et instructive aux utilisateurs de ce forum.
Encore une fois, témoignages bienvenus mais ne vous offusquez pas de réponses rapides ou inexistantes: j'ai peu de temps! Je m'en excuse et vous remercie d'avance...
Samedi 21 mai 2011
Hier soir peut-être considéré comme le point de départ d’une liaison plus que probable entre mon épouse S. et ce jeune garçon du quartier qui répond au joli nom d‘Eric… Pour faire simple j’en exclus en effet les rencontres préalables limitées à de simples bonjours - encore que mériterait bien d’être signalée celle qui eut lieu hier vers midi, tout à fait hasardeuse, et qui permit à S. de convier Eric au repas de quartier que nous organisions le soir-même à la maison. On peut dire que cette invitation s’est donc faite sur le fil, à ma grande satisfaction d’ailleurs, espérant que cette présence non indifférente à l’épouse distille un piment fort opportun à mes désirs sexuels un peu en berne ces derniers temps. A l’heure de la sieste, me voilà bel et bien prévenu: s’il se passait « quelque chose » entre elle et lui, je l’aurais bien cherché et ne devrai pas m’en plaindre, toutes menaces propres - mon épouse le sait - à m’enfiévrer.
Hélas, hier, au moment de passer à table, déception… Eric n’est pas des nôtres malgré ce long apéritif qui lui eut permis cent fois d’arriver à l’heure… Adieu l’espoir de sa présence, de la visite de la maison qui lui eut fait côtoyer ma femme depuis la cave jusqu’au grenier… Je trouvais la vie bien fade, à décliner toujours ainsi les imprévus. Et puis il est arrivé! Nous venions de nous asseoir quand on l’a vu pousser la porte et je me suis senti tout à coup très content, prêt à en découdre…
Il aurait pu prendre place près de S. mais une convive a préféré s’asseoir entre eux, ruinant toute velléité de rapprochement clandestin de leurs genoux ou de leurs pieds sous la table. Du reste ce n’était pas si grave, une telle éventualité étant sans doute un peu prématurée et il n’était pas moins intéressant au contraire qu’une petite distance entre eux leur permît d’échanger mieux les regards ou les sourires et de se parler en face. Pour moi, placé à la gauche de mon épouse, j’étais à la meilleure loge pour surprendre de tels regards et juger du jeune homme.
Eric est très bien! Je lui aurais donné 25 ans - l’âge auquel j’étais arrivé ici il y a trente ans, un âge dont je me souviens, dont je reconnais à présent les atouts mais dont, par timidité, par lâcheté, par excès de pratiques solitaires, je n’ai pas su profiter… A l’observer, je me disais que dans son cas de telles insuffisances n’étaient pas à redouter. Non qu’il fît preuve d’un quelconque aplomb et attirât sur lui l’attention! Non, sa présence à table était discrète, modeste mais sans être effacée ni timide. Il écoutait avec sympathie, se proposa d’ouvrir une bouteille, de faire parfois le service du vin et il répondait aux questions sans rougir, sans embarras. Moi-même, à cet âge, aurais-je osé arriver ainsi « en retard » (en vérité avait-il prévenu S. de ce retard - ce que j’ignorais), et pousser la porte d’une maison inconnue, attirant sur moi tous les regards d’une assemblée déjà installée et déjà dans le feu des conversations? Certainement pas! Mijaurée comme j’étais, je me serais défilé, aurais fait un large détour, pour aller m’excuser le lendemain avec un prétexte à deux balles. Cette réflexion vint à m’assombrir comme si d’établir cette sorte de comparaison - non avec moi mais avec celui que j’étais - me disqualifiait trop, me mettait trop sur la touche…, comme si déjà mon petit jeu pervers me brûlait trop les ailes… La chose en était confirmée par l’examen des avant-bras qu‘Eric, vêtu d’un drôle de tee-shirt, tenait souvent croisés sur la table, devant son assiette…C’étaient des avant-bras de jeune homme bien fait, de taille normale et plutôt musclé. Tandis que je suis tenu de me raser les poils pour me gratifier de cette douceur au toucher et au regard, la sienne lui était naturelle, joliment dorée et seulement parée d’un fin duvet, discret et sans offense aucune au galbe effilé et puissant du membre. Les mains qui les prolongeaient étaient longues, douces et brunes, aux phalanges déliées, de ces mains me disais-je qui savent caresser les femmes - un art dont mon épouse ne cesse de me dire qu’il m’est grandement étranger… Le visage viril, solide et fin d’un garçon brun, n’est pas sans me rappeler celui de mon ami Roland qui ne déplaisait pas je crois à S., et inversement d’ailleurs…
Toutes ces réflexions commençaient à me troubler sérieusement d’autant que je captai au cours du repas pas mal de regards d’Eric sur mon épouse et que celle-ci d’ailleurs ne se privait pas de les susciter en le questionnant avec un naturel détaché. Il y eut d’ailleurs beaucoup de ces regards qui m’échappèrent car je craignais que mon attention (comme ce fut un peu le cas) n’éveillât des soupçons ou compromissent son envie de regarder ma femme - et le plus souvent je m’astreignais à suivre d’autres conversations ou à porter mon attention ailleurs. Il me semblait, lorsque mes yeux croisaient les siens, que cela le gênait - ce qui devait être un peu vrai.
A ce stade je commençai de me sentir écartelé comme cela avait été le cas il y a quinze ans déjà avec Jean-Mi: redoudant mon audace, prenant peur, tout en craignant pourtant que le jeu s’interrompe déjà. Parfois, si Eric cessait trop de se retourner vers ma femme, je me sentais vaguement alarmé, également s’il me semblait le voir s’enliser dans une forme d’ennui où les conversations n’avaient plus l’air de l’impliquer. A un moment, m’étant levé chercher je ne sais quoi à la cuisine alors qu’à table des voix se proposaient d’aider à la vaisselle, j’entendis depuis l’escalier où je me tenais ma femme claironner un peu triomphalement qu’à la maison c’était moi qui faisais toutes les vaisselles et j’ai eu espoir que cette réflexion (accueillie avec des exclamations de surprise amusée par ces dames) eut fait sourire Eric en le mettant sur la piste de ma nature soumise et volontiers ménagère. Le mieux ce fut néanmoins lorsque, à peine redescendu, je découvris S. et Eric se levant de table et s’apprêtant tous deux à monter à la terrasse que, du fait de son retard, le jeune homme n’avait pas encore visitée… Je me suis assis à ma place tout en joie, le cœur pourtant gros d’inquiétude, le sexe petit, à la fois plein d’espoir et de crainte, dans une expectative bien connue qui agit tout à la fois comme un poison et comme une vague ivresse… Il me sembla en m’asseyant qu’à cette occasion chacun eût pensé autour de moi que je manquais tout de même de vigilance, qu’un léger froid de l’assistance, imperceptible et fugace, m’eût un instant prédit un possible avenir de cocu. Un peu honteuse, cette sensation ne m’en fut pas moins agréable et douce… S. et le jeune homme sont demeurés longtemps hors de table mais, tout en en étant conscient, j’en étais encore au stade où le soupçon est surmontable, où j’assume le danger ainsi qu’un parfait mari libéral, confiant et sûr de lui. Il s’agit là d’un moment facile de l’adultère mais qui précède de fort peu l’alerte et la trouille, le cœur qui cogne, le désir fou de voir enfin revenir sa femme dans le paysage, de se rassurer à sa présence… A cet instant (qui peut être une griserie aussi), un convive me réclame un couteau que je ne trouve pas et que je suis obligé d’aller quérir à l’étage au risque de passer pour un espion et un mari jaloux. C’était précisément - bien sûr! - à l’instant où les deux fuyards redescendaient et ne pouvaient manquer de me croiser. Il est possible en effet qu’Eric m’ait soupçonné d’inquiétude et de jalousie: ce qui, à ce stade encore, eût été parfaitement injuste… Heureusement, leur restait-il encore à visiter le sous-sol, de quoi entretenir plus longtemps leur tranquillité et mes inquiétudes à table… Inquiétudes fondées je crois, non seulement au regard de cette visite privée qui s’attardait manifestement (en particulier lorsqu’ils se trouvaient l’un et l’autre sur la terrasse plongée dans la nuit noire, à deviser doucement devant le panorama romantique de la vieille ville), mais par l’allure et la bonne humeur visible sur le visage du garçon lorsqu’il est revenu prendre place… S’était-il passé quelque chose? D’avoir simplement pris l’air lui avait-il fait du bien et remis sur pied? Toujours est-il qu’il n’était plus tout à fait le même et qu’une motivation renouvelée l’attachait à cette réunion dont j’aurais juré jusqu’alors qu’elle lui était plutôt indifférente ou ennuyeuse. Même, à un moment, je l’ai vu regarder la table avec un air absent et ses lèvres exprimaient un sourire très doux, à la fois amusé et heureux…
Ainsi fut-il d’ailleurs l’un des derniers à partir lorsque la réunion prit fin. Je le vis même disparaître quelques minutes dans l’arrière-boutique où, me dis-je, sans doute désirait-il en savoir toujours plus sur cette maison et sa maîtresse de maison… En partant il a embrassé ma femme et m’a serré la main. Tout ceci avec beaucoup de naturel et une satisfaction visible …
S. m’a bien confirmé tout ce que j’avais entrevu ou deviné, y ajoutant sa propre satisfaction à se sentir en phase avec un garçon dont elle m’avait déjà fait convenir en aparté lors de cette soirée qu’il était « très bien »: « n’est-ce pas qu’il est très bien? - Oui, j’ai du souci à me faire » avais-je répondu tout aussi discrètement…
Et cela n’a pas traîné! Le souci est venu dans la nuit… Malgré la fatigue et l’heure tardive, pas moyen de trouver le sommeil! Et pas question d’incriminer le petit café que j’avais pris en fin de repas! Non, le souci, l’incapacité à trouver le sommeil c’était bel et bien l’évidence de l’engrenage, le souvenir, la vision de ma femme heureuse de s’être trouvée seule avec Eric sur la terrasse, d‘avoir bien sympathisé avec lui. A présent, plus rien déjà ne les retient de se parler dans la rue, peut-être de prendre un pot ensemble, tout cela finissant bien sûr par les conduire à s’aimer, à faire l’amour…à devenir amants… (je veux bien être cocu mais je ne suis pas toujours très sûr de vouloir que ma femme se donne à un mec!). Faire l’amour! C’est qu’en plus il est beau! Bel âge, bonne taille et, naturellement, bien plus doué que moi! Dans le lit conjugal j’ai la trouille…je balise à mort! Souvent je m’endors mais alors je me réveille aussitôt, comme effaré, comme s’il y avait danger à s’endormir, à ne pas être vigilant, ou bien à paniquer devant la réalité de mon sort! Il me semble déjà que les carottes sont cuites. Il me semble aussi que cela pourrait ne pas m’être foncièrement désagréable mais alors il faudrait tellement que S. soit gentille avec moi, me rassure… Et je me souviens comme j’avais été heureux et tellement soulagé lorsqu’elle avait jadis quitté les bras de Jean-Mi pour rejoindre les miens… Pour l’heure j’aimerais lui faire un câlin, me pousser contre elle, contre ses adorables petites fesses qui ne sont pas qu’à moi - ce dont je ne demande qu’à bander à condition de ne pas être laissé au bord du chemin… Une autre fois, me réveillant en sursaut, complètement saisi d’angoisse, je me dis que j’aimerais bien que les amants m’intègrent à leurs ébats ou leur histoire, non par goût du triolisme (de cela aussi je suis bien incapable), mais en voyeur furtif ou même, par exemple, en m’accordant de repasser le linge du jeune amant tandis que celui-ci prend son pied avec ma femme… Oui, tout pourvu que je ne sois pas considéré en quantité négligeable! Heureusement, vers le matin, S. m’enlace ou pose sa main sur mon bras… Rien que ça et je me sens revigoré dans ma vocation de cocu, l’envie de bander me reprend, délicieuse, avec cette idée que la vie est belle, pleine de bonnes choses à vivre. J’ai envie de jouir à savoir que ce jeune homme que je jalouse plait à ma femme, et que c’est évidemment réciproque…A cette idée je m’endors enfin plus paisiblement.
Ce matin je me réveille avec ce projet d’écrire qui me tient à cœur et au sexe. Écrire matérialise la pensée, donne forme au fantasme. Je m’en réjouis à l’aune des récents événements. C’est du grain à moudre sérieux qui donne envie d’explorer, de prospecter, de fouiller l’imaginaire pour en faire jaillir des craintes, des frissons, des situations possibles et des envies de jouir. La peur me rend heureux, m’excite. L’écriture fixe ces instants d’extase prolongée, les soutient, les cultive. Je sais que j’aurais très envie tout à l’heure de faire l’amour… Au moins, dans l’état où je suis, ne jouirais-je pas trop vite? Une chose m’inquiète surtout: qu’en sera-t-il de mon fantasme, de mes envies quand j’aurai joui? La fièvre retombe si vite d’habitude et il reste si peu de ce qui, l’instant d’avant, portait toutes les espérances et toutes les certitudes! Souvent le résultat est même très contradictoire avec ce qui l’a porté! Et si je me réveillais de l’orgasme en en conservant que la terreur de ma réalité et l’évidence de son refus? Si je ne voulais plus…!!!?
Ça a été formidable! Certes c’était si agréable de la voir exaltée par Eric, de lui prendre ses baisers et lui donner son corps fiévreux que j’aurais pu jouir dix fois trop tôt, trop vite, jouir d’une verge à demi-raide, trop dépassée par la qualité même de son exaltation. Enfin j’ai pu, sur le fil, me ressaisir, bander pour de vrai, jouir en faisant jouir, d’une jouissance manifestement plus longue et pleine, totale et accomplie. Et puis, le mieux, c’est qu’au-delà de cette jouissance, rien n’était perdu de mes convictions. Je les envisageais même avec une forme curieuse et fort agréable de consentement et d’harmonie… Eric, l’amant de ma femme? Pourquoi pas! La chose m’apparut simple et naturelle, apaisante…!
A J-1 de me retrouver vraisemblablement cocu, je perds un peu de mon assurance... J'aurais bien besoin d'être rassuré, soutenu, orienté par des témoignages. J'ai 55 ans, 20 ans de mariage et, sauf une petite expérience lointaine et furtive avec un bon copain, S. et moi n'avons jamais encore pratiqué le candaulisme pour de bon. Une chose est certaine nous en parlons depuis longtemps et voilà qu'une occasion se présente! J'ai donc la trouille - ce qui, par ailleurs, n'est pas que désagréable...
J'ai décidé de mettre en ligne les prémisses de cette aventure qui a commencé il y a moins d'un mois. Il s'agit d'un journal qui relate les faits avec objectivité et vérité. Je souhaite que sa lecture soit plaisante et instructive aux utilisateurs de ce forum.
Encore une fois, témoignages bienvenus mais ne vous offusquez pas de réponses rapides ou inexistantes: j'ai peu de temps! Je m'en excuse et vous remercie d'avance...
Samedi 21 mai 2011
Hier soir peut-être considéré comme le point de départ d’une liaison plus que probable entre mon épouse S. et ce jeune garçon du quartier qui répond au joli nom d‘Eric… Pour faire simple j’en exclus en effet les rencontres préalables limitées à de simples bonjours - encore que mériterait bien d’être signalée celle qui eut lieu hier vers midi, tout à fait hasardeuse, et qui permit à S. de convier Eric au repas de quartier que nous organisions le soir-même à la maison. On peut dire que cette invitation s’est donc faite sur le fil, à ma grande satisfaction d’ailleurs, espérant que cette présence non indifférente à l’épouse distille un piment fort opportun à mes désirs sexuels un peu en berne ces derniers temps. A l’heure de la sieste, me voilà bel et bien prévenu: s’il se passait « quelque chose » entre elle et lui, je l’aurais bien cherché et ne devrai pas m’en plaindre, toutes menaces propres - mon épouse le sait - à m’enfiévrer.
Hélas, hier, au moment de passer à table, déception… Eric n’est pas des nôtres malgré ce long apéritif qui lui eut permis cent fois d’arriver à l’heure… Adieu l’espoir de sa présence, de la visite de la maison qui lui eut fait côtoyer ma femme depuis la cave jusqu’au grenier… Je trouvais la vie bien fade, à décliner toujours ainsi les imprévus. Et puis il est arrivé! Nous venions de nous asseoir quand on l’a vu pousser la porte et je me suis senti tout à coup très content, prêt à en découdre…
Il aurait pu prendre place près de S. mais une convive a préféré s’asseoir entre eux, ruinant toute velléité de rapprochement clandestin de leurs genoux ou de leurs pieds sous la table. Du reste ce n’était pas si grave, une telle éventualité étant sans doute un peu prématurée et il n’était pas moins intéressant au contraire qu’une petite distance entre eux leur permît d’échanger mieux les regards ou les sourires et de se parler en face. Pour moi, placé à la gauche de mon épouse, j’étais à la meilleure loge pour surprendre de tels regards et juger du jeune homme.
Eric est très bien! Je lui aurais donné 25 ans - l’âge auquel j’étais arrivé ici il y a trente ans, un âge dont je me souviens, dont je reconnais à présent les atouts mais dont, par timidité, par lâcheté, par excès de pratiques solitaires, je n’ai pas su profiter… A l’observer, je me disais que dans son cas de telles insuffisances n’étaient pas à redouter. Non qu’il fît preuve d’un quelconque aplomb et attirât sur lui l’attention! Non, sa présence à table était discrète, modeste mais sans être effacée ni timide. Il écoutait avec sympathie, se proposa d’ouvrir une bouteille, de faire parfois le service du vin et il répondait aux questions sans rougir, sans embarras. Moi-même, à cet âge, aurais-je osé arriver ainsi « en retard » (en vérité avait-il prévenu S. de ce retard - ce que j’ignorais), et pousser la porte d’une maison inconnue, attirant sur moi tous les regards d’une assemblée déjà installée et déjà dans le feu des conversations? Certainement pas! Mijaurée comme j’étais, je me serais défilé, aurais fait un large détour, pour aller m’excuser le lendemain avec un prétexte à deux balles. Cette réflexion vint à m’assombrir comme si d’établir cette sorte de comparaison - non avec moi mais avec celui que j’étais - me disqualifiait trop, me mettait trop sur la touche…, comme si déjà mon petit jeu pervers me brûlait trop les ailes… La chose en était confirmée par l’examen des avant-bras qu‘Eric, vêtu d’un drôle de tee-shirt, tenait souvent croisés sur la table, devant son assiette…C’étaient des avant-bras de jeune homme bien fait, de taille normale et plutôt musclé. Tandis que je suis tenu de me raser les poils pour me gratifier de cette douceur au toucher et au regard, la sienne lui était naturelle, joliment dorée et seulement parée d’un fin duvet, discret et sans offense aucune au galbe effilé et puissant du membre. Les mains qui les prolongeaient étaient longues, douces et brunes, aux phalanges déliées, de ces mains me disais-je qui savent caresser les femmes - un art dont mon épouse ne cesse de me dire qu’il m’est grandement étranger… Le visage viril, solide et fin d’un garçon brun, n’est pas sans me rappeler celui de mon ami Roland qui ne déplaisait pas je crois à S., et inversement d’ailleurs…
Toutes ces réflexions commençaient à me troubler sérieusement d’autant que je captai au cours du repas pas mal de regards d’Eric sur mon épouse et que celle-ci d’ailleurs ne se privait pas de les susciter en le questionnant avec un naturel détaché. Il y eut d’ailleurs beaucoup de ces regards qui m’échappèrent car je craignais que mon attention (comme ce fut un peu le cas) n’éveillât des soupçons ou compromissent son envie de regarder ma femme - et le plus souvent je m’astreignais à suivre d’autres conversations ou à porter mon attention ailleurs. Il me semblait, lorsque mes yeux croisaient les siens, que cela le gênait - ce qui devait être un peu vrai.
A ce stade je commençai de me sentir écartelé comme cela avait été le cas il y a quinze ans déjà avec Jean-Mi: redoudant mon audace, prenant peur, tout en craignant pourtant que le jeu s’interrompe déjà. Parfois, si Eric cessait trop de se retourner vers ma femme, je me sentais vaguement alarmé, également s’il me semblait le voir s’enliser dans une forme d’ennui où les conversations n’avaient plus l’air de l’impliquer. A un moment, m’étant levé chercher je ne sais quoi à la cuisine alors qu’à table des voix se proposaient d’aider à la vaisselle, j’entendis depuis l’escalier où je me tenais ma femme claironner un peu triomphalement qu’à la maison c’était moi qui faisais toutes les vaisselles et j’ai eu espoir que cette réflexion (accueillie avec des exclamations de surprise amusée par ces dames) eut fait sourire Eric en le mettant sur la piste de ma nature soumise et volontiers ménagère. Le mieux ce fut néanmoins lorsque, à peine redescendu, je découvris S. et Eric se levant de table et s’apprêtant tous deux à monter à la terrasse que, du fait de son retard, le jeune homme n’avait pas encore visitée… Je me suis assis à ma place tout en joie, le cœur pourtant gros d’inquiétude, le sexe petit, à la fois plein d’espoir et de crainte, dans une expectative bien connue qui agit tout à la fois comme un poison et comme une vague ivresse… Il me sembla en m’asseyant qu’à cette occasion chacun eût pensé autour de moi que je manquais tout de même de vigilance, qu’un léger froid de l’assistance, imperceptible et fugace, m’eût un instant prédit un possible avenir de cocu. Un peu honteuse, cette sensation ne m’en fut pas moins agréable et douce… S. et le jeune homme sont demeurés longtemps hors de table mais, tout en en étant conscient, j’en étais encore au stade où le soupçon est surmontable, où j’assume le danger ainsi qu’un parfait mari libéral, confiant et sûr de lui. Il s’agit là d’un moment facile de l’adultère mais qui précède de fort peu l’alerte et la trouille, le cœur qui cogne, le désir fou de voir enfin revenir sa femme dans le paysage, de se rassurer à sa présence… A cet instant (qui peut être une griserie aussi), un convive me réclame un couteau que je ne trouve pas et que je suis obligé d’aller quérir à l’étage au risque de passer pour un espion et un mari jaloux. C’était précisément - bien sûr! - à l’instant où les deux fuyards redescendaient et ne pouvaient manquer de me croiser. Il est possible en effet qu’Eric m’ait soupçonné d’inquiétude et de jalousie: ce qui, à ce stade encore, eût été parfaitement injuste… Heureusement, leur restait-il encore à visiter le sous-sol, de quoi entretenir plus longtemps leur tranquillité et mes inquiétudes à table… Inquiétudes fondées je crois, non seulement au regard de cette visite privée qui s’attardait manifestement (en particulier lorsqu’ils se trouvaient l’un et l’autre sur la terrasse plongée dans la nuit noire, à deviser doucement devant le panorama romantique de la vieille ville), mais par l’allure et la bonne humeur visible sur le visage du garçon lorsqu’il est revenu prendre place… S’était-il passé quelque chose? D’avoir simplement pris l’air lui avait-il fait du bien et remis sur pied? Toujours est-il qu’il n’était plus tout à fait le même et qu’une motivation renouvelée l’attachait à cette réunion dont j’aurais juré jusqu’alors qu’elle lui était plutôt indifférente ou ennuyeuse. Même, à un moment, je l’ai vu regarder la table avec un air absent et ses lèvres exprimaient un sourire très doux, à la fois amusé et heureux…
Ainsi fut-il d’ailleurs l’un des derniers à partir lorsque la réunion prit fin. Je le vis même disparaître quelques minutes dans l’arrière-boutique où, me dis-je, sans doute désirait-il en savoir toujours plus sur cette maison et sa maîtresse de maison… En partant il a embrassé ma femme et m’a serré la main. Tout ceci avec beaucoup de naturel et une satisfaction visible …
S. m’a bien confirmé tout ce que j’avais entrevu ou deviné, y ajoutant sa propre satisfaction à se sentir en phase avec un garçon dont elle m’avait déjà fait convenir en aparté lors de cette soirée qu’il était « très bien »: « n’est-ce pas qu’il est très bien? - Oui, j’ai du souci à me faire » avais-je répondu tout aussi discrètement…
Et cela n’a pas traîné! Le souci est venu dans la nuit… Malgré la fatigue et l’heure tardive, pas moyen de trouver le sommeil! Et pas question d’incriminer le petit café que j’avais pris en fin de repas! Non, le souci, l’incapacité à trouver le sommeil c’était bel et bien l’évidence de l’engrenage, le souvenir, la vision de ma femme heureuse de s’être trouvée seule avec Eric sur la terrasse, d‘avoir bien sympathisé avec lui. A présent, plus rien déjà ne les retient de se parler dans la rue, peut-être de prendre un pot ensemble, tout cela finissant bien sûr par les conduire à s’aimer, à faire l’amour…à devenir amants… (je veux bien être cocu mais je ne suis pas toujours très sûr de vouloir que ma femme se donne à un mec!). Faire l’amour! C’est qu’en plus il est beau! Bel âge, bonne taille et, naturellement, bien plus doué que moi! Dans le lit conjugal j’ai la trouille…je balise à mort! Souvent je m’endors mais alors je me réveille aussitôt, comme effaré, comme s’il y avait danger à s’endormir, à ne pas être vigilant, ou bien à paniquer devant la réalité de mon sort! Il me semble déjà que les carottes sont cuites. Il me semble aussi que cela pourrait ne pas m’être foncièrement désagréable mais alors il faudrait tellement que S. soit gentille avec moi, me rassure… Et je me souviens comme j’avais été heureux et tellement soulagé lorsqu’elle avait jadis quitté les bras de Jean-Mi pour rejoindre les miens… Pour l’heure j’aimerais lui faire un câlin, me pousser contre elle, contre ses adorables petites fesses qui ne sont pas qu’à moi - ce dont je ne demande qu’à bander à condition de ne pas être laissé au bord du chemin… Une autre fois, me réveillant en sursaut, complètement saisi d’angoisse, je me dis que j’aimerais bien que les amants m’intègrent à leurs ébats ou leur histoire, non par goût du triolisme (de cela aussi je suis bien incapable), mais en voyeur furtif ou même, par exemple, en m’accordant de repasser le linge du jeune amant tandis que celui-ci prend son pied avec ma femme… Oui, tout pourvu que je ne sois pas considéré en quantité négligeable! Heureusement, vers le matin, S. m’enlace ou pose sa main sur mon bras… Rien que ça et je me sens revigoré dans ma vocation de cocu, l’envie de bander me reprend, délicieuse, avec cette idée que la vie est belle, pleine de bonnes choses à vivre. J’ai envie de jouir à savoir que ce jeune homme que je jalouse plait à ma femme, et que c’est évidemment réciproque…A cette idée je m’endors enfin plus paisiblement.
Ce matin je me réveille avec ce projet d’écrire qui me tient à cœur et au sexe. Écrire matérialise la pensée, donne forme au fantasme. Je m’en réjouis à l’aune des récents événements. C’est du grain à moudre sérieux qui donne envie d’explorer, de prospecter, de fouiller l’imaginaire pour en faire jaillir des craintes, des frissons, des situations possibles et des envies de jouir. La peur me rend heureux, m’excite. L’écriture fixe ces instants d’extase prolongée, les soutient, les cultive. Je sais que j’aurais très envie tout à l’heure de faire l’amour… Au moins, dans l’état où je suis, ne jouirais-je pas trop vite? Une chose m’inquiète surtout: qu’en sera-t-il de mon fantasme, de mes envies quand j’aurai joui? La fièvre retombe si vite d’habitude et il reste si peu de ce qui, l’instant d’avant, portait toutes les espérances et toutes les certitudes! Souvent le résultat est même très contradictoire avec ce qui l’a porté! Et si je me réveillais de l’orgasme en en conservant que la terreur de ma réalité et l’évidence de son refus? Si je ne voulais plus…!!!?
Ça a été formidable! Certes c’était si agréable de la voir exaltée par Eric, de lui prendre ses baisers et lui donner son corps fiévreux que j’aurais pu jouir dix fois trop tôt, trop vite, jouir d’une verge à demi-raide, trop dépassée par la qualité même de son exaltation. Enfin j’ai pu, sur le fil, me ressaisir, bander pour de vrai, jouir en faisant jouir, d’une jouissance manifestement plus longue et pleine, totale et accomplie. Et puis, le mieux, c’est qu’au-delà de cette jouissance, rien n’était perdu de mes convictions. Je les envisageais même avec une forme curieuse et fort agréable de consentement et d’harmonie… Eric, l’amant de ma femme? Pourquoi pas! La chose m’apparut simple et naturelle, apaisante…!