- 12 déc. 2016, 11:03
#1977508
oui @jeanrp, voici le texte plus complet :
"Quel reproche avez-vous à me faire ? Il en jouit. – Mais vous trompez votre mari ; cette fausseté est atroce. – Non, c’est un rendu, voilà tout ; je suis dupe la première des liens qu’il m’a forcée de prendre : je m’en venge, quoi de plus simple ? – Mais il y a outrage réel fait à l’honneur de votre mari. – Préjugé que cela ! Mon libertinage ne touche mon mari en rien ; mes fautes sont personnelles. Ce prétendu déshonneur était bon il y a un siècle ; on est revenu de cette chimère aujourd’hui, et mon mari n’est plus flétri de mes débauches que je ne saurais l’être des siennes. Je foutrais avec toute la terre sans lui faire une égratignure ! Cette prétendue lésion n’est donc qu’une fable, dont l’existence est impossible. De deux choses l’une : ou mon mari est un brutal, un jaloux, ou c’est un homme délicat ; dans la première hypothèse, ce que je puis faire de mieux est de me venger de sa conduite ; dans la seconde, je ne saurai l’affliger ; puisque je goûte des plaisirs, il en sera heureux s’il est honnête : il n’y a point d’homme délicat qui ne jouisse au spectacle du bonheur de la personne qu’il adore. – Mais si vous l’aimiez, voudriez-vous qu’il en fît autant ? – Ah ! malheur à la femme qui s’avisera d’être jalouse de son mari ! Qu’elle se contente de ce qu’il lui donne, si elle l’aime ; mais qu’elle n’essaie pas de le contraindre ; non seulement elle n’y réussirait pas, mais elle s’en ferait bientôt détester. Si je suis raisonnable, je ne m’affligerai donc jamais des débauches de mon mari. Qu’il en fasse de même avec moi, et la paix règnera dans le ménage. "
Donatien Alphonse François de Sade - Philosophie dans le boudoir, page 79/80
"Quel reproche avez-vous à me faire ? Il en jouit. – Mais vous trompez votre mari ; cette fausseté est atroce. – Non, c’est un rendu, voilà tout ; je suis dupe la première des liens qu’il m’a forcée de prendre : je m’en venge, quoi de plus simple ? – Mais il y a outrage réel fait à l’honneur de votre mari. – Préjugé que cela ! Mon libertinage ne touche mon mari en rien ; mes fautes sont personnelles. Ce prétendu déshonneur était bon il y a un siècle ; on est revenu de cette chimère aujourd’hui, et mon mari n’est plus flétri de mes débauches que je ne saurais l’être des siennes. Je foutrais avec toute la terre sans lui faire une égratignure ! Cette prétendue lésion n’est donc qu’une fable, dont l’existence est impossible. De deux choses l’une : ou mon mari est un brutal, un jaloux, ou c’est un homme délicat ; dans la première hypothèse, ce que je puis faire de mieux est de me venger de sa conduite ; dans la seconde, je ne saurai l’affliger ; puisque je goûte des plaisirs, il en sera heureux s’il est honnête : il n’y a point d’homme délicat qui ne jouisse au spectacle du bonheur de la personne qu’il adore. – Mais si vous l’aimiez, voudriez-vous qu’il en fît autant ? – Ah ! malheur à la femme qui s’avisera d’être jalouse de son mari ! Qu’elle se contente de ce qu’il lui donne, si elle l’aime ; mais qu’elle n’essaie pas de le contraindre ; non seulement elle n’y réussirait pas, mais elle s’en ferait bientôt détester. Si je suis raisonnable, je ne m’affligerai donc jamais des débauches de mon mari. Qu’il en fasse de même avec moi, et la paix règnera dans le ménage. "
Donatien Alphonse François de Sade - Philosophie dans le boudoir, page 79/80